À la recherche de Madame Cezanne

Arts Vivants s’associe avec la Galerie Ramand pour poursuivre l’enquête artistique, entamée en 2022, autour de la figure de Madame Cezanne. L’exposition se déploie à la Galerie Ramand et à la chapelle des Andrettes.

Hortense Fiquet, épouse et modèle de Paul Cezanne, demeure une figure énigmatique, longtemps reléguée à l’arrière-plan de l’histoire de l’art. Pourtant, sa présence a profondément nourri l’oeuvre du peintre et influencé l’évolution du portrait moderne. Aujourd’hui, plusieurs artistes contemporaines interrogent son image et la place qu’elle a occupée, tant dans la vie intime de Cézanne que dans sa démarche artistique. À travers leurs créations, elles mettent en lumière la portée de ces représentations, dépassant la vision d’une muse silencieuse pour révéler une femme complexe et singulière.

JADE BOISSIN – CLÉMENTINE CARSBERG – ISADORA CHEN – NICOLAS CLAUSS – MYLÈNE DUC – NÈLE GRIZARD – MARGUERITE MARÉCHAL – CLÉMENCE MARTIN – ANAÏS ROUBERTOU – AURÉLIE SICAS – LISE STOUFFLET

En s’inspirant des toiles de Cezanne, Jade Boissin et Aurélie Sicas redonnent à Hortense une nouvelle présence : elle n’est plus une silhouette figée, mais une figure réinventée, vivante et habitée. Mylène Duc et Nèle Grizard prolongent cette démarche à travers l’autoportrait, se représentant à la manière d’Hortense Fiquet et interrogeant ainsi les dynamiques du regard et du rôle attribué au modèle. Marguerite Maréchal et Anaïs Roubertou, quant à elles, proposent un corset inspiré de la posture droite et rigide que l’on retrouve dans les portraits de Madame Cezanne, symbole des contraintes imposées aux modèles des peintres. Dévoiler, l’oeuvre en deux volets de Lise Stoufflet, aborde frontalement la question de l’appropriation du visage et interroge la manière dont l’identité d’un modèle peut être captée ou transformée. Une projection vidéo de Nicolas Clauss complète cet ensemble par une relecture sensible du portrait de Madame Cezanne.

En complément, une sélection de documents et d’archives viendra mettre en lumière l’influence durable des portraits de Madame Cezanne dans l’histoire de l’art et leur résonance contemporaine : des textes (Rainer Maria Rilke, Philippe Sollers, Dominique Fourcade, Liliane Giraudon), des oeuvres (Carolee Schneemann, Georg Baselitz, Tracey Emin, Claire Tabouret), ainsi qu’un éclairage sur le lien entre Gertrude Stein et le portrait qu’en fit Picasso.

Le choix de la chapelle du Collège Mignet (ancien Lycée Bourbon), lieu de la rencontre entre Paul Cezanne et Émile Zola, renforce la portée symbolique de l’exposition. En résonance avec cette amitié profonde et tourmentée, Isadora Chen met en scène leur correspondance, révélant tensions, influences croisées et zones d’ombre. Ce travail interroge les dialogues entre peinture et écriture, tout en questionnant la place ambivalente de Zola au sein du couple Paul Cezanne – Hortense Fiquet. À la fois soutien pour Hortense Fiquet et témoin lucide du parcours de Cezanne, Zola s’inspire de leur relation pour créer un personnage clé de L’OEuvre, brouillant les frontières entre fiction, admiration et ambivalence. Cette proximité entre les deux hommes révèle à la fois leur influence mutuelle et la complexité de leur interdépendance.

Commissariat de l’exposition Rindala El Khoury – Arts Vivants